Rando des Chamber’liens à Saint Andéol en Quint, le 22 mars, et visite de la cabane du Père Marie-Grégoire, « l’ermite du Diois »…

(photo reproduite avec l’aimable autorisation de son auteur, Monsieur G. Emery, ami du Père)
Michel Girard, né le 4 mars 1932 à Fontainebleau, entré jeune homme à l’abbaye bénédictine de Fleury (Saint-Benoît sur Loire), où il reçut le nom de Frère Marie-Grégoire, prononça les voeux monastiques le 18 novembre 1952 et fut ordonné prêtre le 11 juin 1960.
« Après quatorze ans de vie commune, appelé à une plus extrême radicalité, sa vocation à la vie érémitique ayant été authentifiée par ses supérieurs et conseillers spirituels, il entra en solitude en janvier 1965.
Il s’installa d’abord dans de vieux bâtiments du village de Sainte-Croix, à quelques kilomètres à l’ouest de Die ; puis en 1967, il trouva un lieu encore plus conforme à la vie très austère et retirée à laquelle il aspirait, sur une crête, à quelque 760 m d’altitude au-dessus du tout petit village de Saint-Andéol en Quint, toujours dans le Diois. »
« Son ermitage était une petite cabane de planches, de la taille d’un abri de jardin, sans confort et sans électricité bien sûr. Le Père disait plaisamment qu’il avait l’eau courante, en désignant la source qui sourdait une cinquantaine de mètres en contrebas de son ermitage (avec une pente avoisinant les 80%).
Pour rendre visite au Père Marie-Grégoire, il fallait laisser son véhicule sur la place de Saint-Andéol en Quint, près de la minuscule église, puis, par un chemin étroit – malaisé en certains passages (je me souviens d’y être allé à l’automne et on pouvait facilement glisser) – monter, monter, monter à travers la forêt, pendant environ trois quart d’heure. »
« Son alimentation était strictement végétarienne et, en quarante-huit ans de vie érémitique, le Père Marie-Grégoire n’a jamais vu le médecin.
Homme de très profonde spiritualité – sinon il n’aurait pas « duré » dans cette solitude ! – , accueillant à tous avec bonhommie, son regard pénétrant semblait aller jusqu’aux tréfonds de l’âme de celui avec qui il conversait.
Sérieux, certes, rayonnant de la foi tranquille qui l’habitait même lorsque la conversation ne tournait pas sur un sujet pieux, « l’ermite du Diois » portait un regard d’une impitoyable lucidité sur les dérives du monde contemporain, les travers de notre société, et les déviances ou errances de « l’Eglise dans le monde de ce temps » (et sur certains « hommes d’Eglise » qui ne sont pas des « hommes de Dieu »).
Mais si ses propos étaient fermes, au point de sembler durs à entendre pour certaines oreilles, ils n’étaient cependant jamais amers, et Dom Marie-Grégoire persillait volontiers la conversation de traits d’humour, voire de réflexions un peu goguenardes, qui faisaient pétiller ses pupilles d’une malice quasi enfantine. »
« Travailleur infatigable, tant manuellement qu’intellectuellement, il avait entièrement écrit et confectionné à la main ses livres d’office, et composé quelques volumineux ouvrages bibliques et apolégétiques » (homélie des obsèques prononcée par le T.Rd. Père Abbé de Fleury, le 29 novembre 2013).
« Paradoxalement, cet ermite perché sur son nid d’aigle, totalement en marge de la société, connut un large rayonnement (…). Sa vie rayonna parce qu’elle était « cachée avec le Christ en Dieu » (Col. III, 1), qu’il n’y avait pas de hiatus entre ce qu’il professait et ce qu’il pratiquait, qu’il possédait le sens des relations, connaissant tout le monde, se souvenant du nom de chacun, priant pour tous. Il réussit à harmoniser un retrait du monde sans compromis et une présence attentive à celui-ci ; il nous indique ainsi le secret de l’apostolat : ce n’est pas une affaire de recettes, de méthodes ou d’organisation, mais d’authenticité de vie, de ferveur intérieure et de forte conviction » (ibid.).
C’est un promeneur qui, le 18 novembre 2013, trouva le corps sans vie du Père, recouvert d’une mince pellicule de neige, son bidon à côté de lui, entre son ermitage et la source. Comme il avait un peu neigé dans les premières heures de cette journée du 18 novembre, on en a déduit qu’il était mort soit le 17, soit aux premières lueurs du 18 : le jour du soixante et unième anniversaire de sa profession monastique !
Comme lors de la profession des saints voeux, d’ailleurs, il était prosterné de tout son long, visage contre terre…
« Beaucoup de ceux qui l’ont connu, beaucoup de ceux qui – un peu « dérangés » par le choc de leur première rencontre avec ce veilleur sur la montagne – ont décidé de remonter à son ermitage pour interroger, se laisser interroger et écouter, beaucoup de ceux qui entretenaient avec lui une correspondance, n’hésitent pas à dire qu’ils ont connu en lui un véritable saint : un saint à la manière des anciens pères du désert, un saint aux vertus plus éclatantes que celles de certains récents « canonisés » dont l’impact semble plus médiatique ou idéologique que profondément surnaturel.
Ce que j’ai moi-même personnellement retenu de mes échanges avec Dom Marie-Grégoire est trop personnel pour que j’en fasse état ici aujourd’hui, mais, n’ayant appris son décès que plusieurs longues semaines après, je ne pouvais laisser passer le premier anniversaire de son rappel à Dieu sans, dans ma modeste mesure, rendre témoignage de la vie quotidiennement héroïque qui fut la sienne… »
infos reprises du site suivant (lien) et témoignage du Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.