Une dose de culture au quotidien

Aujourd’hui : « Un mal de chien ! »

Où l’on découvre ce que l’on est prêt à faire pour obtenir un gilet.

1865. Le poète Charles Baudelaire vient de publier un nouveau poème en prose : Les Bons chiens. Drôle de titre pour une poésie !

Surtout lorsque l’on sait que Baudelaire n’a pas vraiment eu son mot à dire sur le sujet. Il lui a été imposé par un ami, en échange… de son gilet.

Étienne Carjat, Charles Baudelaire, vers 1862, photographie, British Library, Londres
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L’ami en question est Joseph Stevens, un peintre animalier belge. Un jour, alors que Baudelaire le retrouve dans une taverne, il tombe en admiration devant son gilet.

Le peintre accepte immédiatement de se séparer de son précieux vêtement pour le lui offrir, mais à une condition : que le poète écrive une œuvre sur les chiens.

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Aussitôt dit, aussitôt fait. Pour trouver l’inspiration, Baudelaire regarde du côté des œuvres de Stevens : ce dernier s’est justement spécialisé dans la représentation des chiens.

Mais attention, pas de n’importe lesquels ! Ni les toutous de race, ni ceux qui dorment dans une jolie niche. Il peint plutôt des chiens vagabonds, ou vivant dans des intérieurs délabrés.

Joseph Stevens, La Vieille lice, 1870, huile sur toile, 60 x 50 cm, Musée des Beaux-Arts, Tournai, photo : PMRMaeyaert
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Pour représenter ces braves bêtes avec précision, Stevens leur rend visite plusieurs fois par semaine à la fourrière. Lui qui a appris la peinture presque en autodidacte, il immortalise avec un grand réalisme leur pelage, leur anatomie et même leur psychologie.

Joseph Stevens, Chien, 19e siècle, huile sur toile, 17 x 26 cm, collection privée
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Dans le fond, si le peintre aime tant leur rendre hommage, c’est qu’ils lui rappellent les humains. Et Baudelaire est bien du même avis ! Dans son poème, les pauvres chiens, ces « philosophes à quatre pattes », sont comme des frères pour les artistes marginaux comme lui.

Joseph Stevens, Chien transportant le dîner à son maître, 1846, huile sur toile, 60 x 81 cm, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
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Grâce à ce thème animalier, le poète a donc pu obtenir un beau gilet, et le peintre une belle carrière. Ça vaut le coup de se donner un mal de chien !

Joseph Stevens, Le Chien et la mouche, 1856, huile sur toile, 73 x 93 cm, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, photo : © Bridgeman Images
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Cette anecdote a du chien !

Pour en savoir plus :

Sur Joseph Stevens et son frère Alfred

Pour lire le poème en prose Les Bons chiens

Sur Charles Baudelaire (vidéo)

Joseph Steven, Ennemis, 1854, huile sur bois, 45 x 54 cm, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
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 » Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque… « 
– Charles Baudelaire –

Source : Artips

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