Aujourd’hui : « Miroir, mon beau miroir »
Où l’on laisse des petites surprises au locataire suivant.
1784, actuelle place de la Concorde à Paris. C’est le branle-bas de combat ! Derrière les murs du Garde Meuble, l’institution qui conserve les objets précieux de la couronne, un grand déménagement est en cours.
D’après Taraval, Vue de la place de Louis XV, vers 1791, gravure, 32 x 44 cm, planche extraite de « Les Vieux hôtels de Paris.
Le Ministère de la Marine, ancien Garde-meuble de la Couronne », par J. Vacquier, 1922, photo : © Reproduction Jean-Luc Paillé / CMN
Voir en grand
Le maître des lieux, un certain Fontanieu, vient d’être remplacé à son poste d’intendant. Et il laisse derrière lui des choses qui ne vont pas trop plaire à son successeur… Pourtant, aucune faute de goût n’est à relever au Garde Meuble ! L’intendant Fontanieu s’y est fait aménager un splendide nid douillet.
À gauche : Simon Charles Miget, Pierre-Élisabeth de Fontanieu, 18e siècle, estampe, 27 x 20 cm, Musée Carnavalet, Paris, photo : © Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN-Grand Palais – Image INHA
À droite : Alexandre Roslin, Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray, 1790, huile sur toile, 73 x 60 cm, Musée national du château de Versailles, photo : © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais – Christophe Fouin
Voir en grand
Tous ses appartements sont décorés à la mode du moment, par de jeunes talents qui travaillent aussi pour le roi.
Fontanieu a même récupéré du mobilier ayant servi à Versailles.
Mais alors qu’est-ce qui chagrine autant le nouvel occupant, Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray ?
La chambre de Pierre-Élisabeth de Fontanieu, après la rénovation de 2016-2021, Hôtel de la Marine, Paris, photo : © Didier Plowy – Centre des monuments nationaux.
Voir en grand
Le souci est un petit cabinet, accessible par la chambre de l’intendant. C’est là que Fontanieu, séducteur notoire, emmenait ses maîtresses. Et pour ses plaisirs, il n’a pas fait les choses à moitié : le cabinet est couvert de miroirs jusqu’au plafond, pour se voir sous tous les angles ! Des peintures de fleurs et de femmes nues complètent le décor.
Le cabinet des glaces, accessible directement depuis la chambre de Pierre-Élisabeth de Fontanieu, Hôtel de la Marine, Paris, photo : © Didier Plowy pour les DSC, Benjamin Gavaudo pour les BGW
Voir en grand
Ce cadre coquin ne plaît pas beaucoup à Ville-d’Avray… et encore moins à son épouse. Il n’est pas question de garder ce cabinet tel quel : par pudeur, on fait donc modifier les peintures. Les femmes nues disparaissent au profit d’angelots joufflus, bien plus innocents.
Aujourd’hui, les glaces sont toujours dans leur cabinet. Elles ont même retrouvé tout leur éclat grâce à un patient travail de restauration. Et elles ne reflètent plus aucun spectacle scabreux, seulement les nombreuses personnes qui viennent visiter les lieux !
Le cabinet des glaces lors de sa restauration, entre 2016-2021, photo : © Benjamin Gavaudo – Centre des monuments nationaux
Voir en grand
Pour en savoir plus :
Eh oui, il est désormais possible d’aller se mirer dans ces fameuses glaces ! Le Garde Meuble royal, devenu par la suite Hôtel de la Marine, a ouvert ses portes cette année. Une restauration exceptionnelle de quatre ans, menée par le Centre des monuments nationaux, a permis de redécouvrir de nombreux décors anciens.
Au programme : plongée au 18e siècle sur les pas des intendants (et de leurs compagnes), découverte des secrets du ministère de la Marine et vue inédite sur la place de la Concorde ! Pour réserver sa visite, c’est par ici.
En savoir plus sur l’Hôtel de la Marine (vidéo)
Soyez coquin…
Partagez cette anecdote avec vos amis !
Source ARTIPS
Chamber'liens 